Un jardin sans pesticides

 

Particuliers, jardiniers amateurs, depuis le 1er janvier 2019, vous ne pouvez plus acheter, utiliser et stocker des pesticides chimiques (1) pour jardiner ou désherber. Cette interdiction, issue de la loi Labbé, concerne aussi les collectivités qui n’ont plus le droit depuis le 1er janvier 2017, d’utiliser les pesticides chimiques sur les espaces verts, les forêts, les voiries ou les promenades accessibles ou ouverts au public.

 

Le « zéro pesticide » pour les particuliers

 

campagne zéro pesticidesPour accompagner cette interdiction, l’Agence Française de la Biodiversité, accompagnée du Ministère de la transition écologique et solidaire, du Ministère de l’Agriculture, de la Santé et de l’Enseignement supérieur et de la recherche, lance une campagne de communication autour du message « zéro pesticide, c’est 1000 fois mieux pour ma santé et la planète ».

Cette campagne est principalement destinée aux jardiniers amateurs et particuliers.

 

Déroulement de la campagne

Cette action se déroule en trois temps. Chaque temps à l’ambition d’informer sur l’interdiction, l’existence de solutions alternatives, et les dispositions à prendre pour l’élimination des restes de pesticides.

Le premier temps, dès maintenant, est la communication par les parties prenantes. Elle permet de s’adresser au public dans un rapport de proximité et de confiance sur la mise en application de la loi Labbé.
Le deuxième temps commencera au 1er trimestre 2019. Il s’évertuera à informer au niveau national sur la loi, via l’achat d’espace dans la presse écrite et sur le digital.
Le troisième temps, dès avril, valorisera les solutions alternatives à travers la mise en avant de bonnes pratiques, toujours dans la presse écrite et sur le digital.

Les deux temps forts de cette campagne sont les mois de janvier, mois de l’entrée en vigueur de l’interdiction, et le printemps, temps du jardinage et des plantations.

Un kit de communication a été conçu dans le cadre de la campagne de communication Ecophyto JEVI de l’Agence Française pour la biodiversité. Il comprend des affiches, des étiquettes et flyers pour communiquer sur la gestion et l’entretien des balcons, des jardins, des maisons, des potagers, des terrasses sans pesticides.

 

Retour sur la loi

La loi 2014-110 du 6 février 2014 appelé loi Labbé, interdit l’usage et la restriction de vente de tous les produits phytosanitaires de synthèse dans les jardins et espaces végétalisés et les infrastructures. Les seuls produits qui seront dorénavant utilisables par les jardiniers amateurs seront :

  • Les produits utilisés en agriculture biologique (mention EAJ emploi autorisé en jardin).
  • Les produits à faible risque : ne présentant pas de dangers pour l’environnement ou pour la santé humaine.
  • Les substances de base : usage principal autre que phytosanitaire.
  • Les produits de biocontrôle.

 

Le non-respect des conditions d’utilisation des produits phytosanitaires prévues par la loi est une infraction pénale qui sera passible de six mois d’emprisonnement et de 150 000 € d’amende.

Il s’agit ici de la sanction maximale encourue. Elle sera modulée par le juge en fonction des circonstances.

 

Des solutions alternatives existent

 

La prévention et l’anticipation. Il est avant tout nécessaire de bien connaître l’environnement de son jardin pour anticiper l’apparition des ravageurs et des maladies et protéger en amont par des mesures prophylactiques (prévention). La biodiversité fonctionnelle (bandes fleuries, haies) représente pour l’agroécologie des leviers d’action importants pour favoriser les auxiliaires naturellement présents et limiter la pullulation des ravageurs.

Il est, d’autre part nécessaire de prendre le temps d’observer régulièrement les plantes de son jardin afin d’identifier les problèmes sanitaires le plus précocement possible et de bien estimer leur niveau de propagation. Si le niveau d’infestation compromet les cultures, il est alors possible d’intervenir avec une panoplie de solutions dont le biocontrôle.

 

Qu’est- ce que le biocontrôle ?

Le biocontrôle est un ensemble de méthodes de protection des végétaux basé sur l’utilisation de mécanismes naturels. Seules ou associées à d’autres moyens de protection des plantes, ces techniques sont fondées sur les mécanismes et interactions qui régissent les relations entre espèces dans le milieu naturel. Ainsi, le principe du biocontrôle repose sur la gestion des équilibres des populations d’agresseurs plutôt que sur leur éradication.

 

Les produits de biocontrôle

Les produits de biocontrôle sont définis à l’article L.253-6 du code rural et de la pêche maritime comme des agents et des produits utilisant des mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les bioagresseurs des cultures. Ils se classent en quatre catégories :

  • Les macro-organismes : Des ennemis naturels des ravageurs (principalement des invertébrés notamment chez les insectes). Les prédateurs qui attaquent leurs proies en les dévorant de l’extérieure. Les parasites utilisent leur hôte pour effectuer une partie de leur développement (association entre deux espèces, l’hôte qui héberge, la seconde qui vit à ses dépens et qui le détruit).
  • Les micro-organismes : Des virus, des bactéries des champignons, développés pour lutter contre les bioagresseurs (ravageurs, maladies) ou stimuler les plantes.
  • Les médiateurs chimiques : Des phéromones (substances chimiques volatils qui, émises par un individu d’une espèce modifie le comportement d’un individu de la même espèce). Les phéromones sexuelles permettent la rencontre et l’accouplement. Les phéromones d’agrégation permettent d’attirer les individus pour signaler un lieu de prise alimentaire ou d’accouplement.
  • Les substances naturelles : Elles sont composées de substances issues du milieu naturel et peuvent être d’origine végétale (huile de colza), animale (cire d’abeille) ou minérale (soufre).

 

Les précautions d’usages des substances naturelles

L’appellation naturelle, de base, ou utilisable en agriculture biologique, ne sont pas sans gage d’innocuité aussi bien pour l’utilisateur que l’environnement. Bien souvent la dangerosité du produit vient de la dose employée et les conditions dans lesquelles le produit est utilisé (conditions climatiques). Certains équipements sont nécessaires comme des gants, des lunettes des vêtements de travail.

 

Les organismes nuisibles réglementés

Les produits chimiques de synthèse seront autorisés dans certaines conditions, comme la lutte contre les organismes nuisibles réglementés ; des dérogations pourront être données contre des dangers sanitaires graves. Les bulletins de santé du végétal (BSV) sont de bons outils pour connaître la propagation de tel ou tel organisme.

 

Les recettes « maison »

Sur les réseaux sociaux fleurissent des recettes « maison » dites « naturelles » plus économique et laissant penser qu’elles sont plus respectueuses de l’environnement pour lutter contre les bio-agresseurs ou les herbes folles. 

Un exemple : Une préparation à base d’eau chaude, de sel, et de vinaigre annoncé comme un désherbant 100% bio. Le vinaigre n’est pas homologué en tant qu’herbicide. L’utiliser en tant que tel est un détournement d’usage et comporte des risques pour l’utilisateur et l’environnement.

Les conséquences : Le vinaigre acidifie le sol et entrave la vie microbienne. Le sel est également très nocif pour les vers de terre. Un sol acide et nu sera favorable à la prolifération de la mousse. D’autre part le sel ne se dégrade pas dans les sols, il s’y accumulera au fur et à mesure des pulvérisations et polluera ensuite les nappes. Donc méfiance sur toutes ces recette dites « alternatives » « biologiques » et «  naturelles », préconisées sur de nombreux sites.

 

Rapportez vos pesticides

 

Bidons, bouteilles, flacons, sprays, et autres contenants, qu’ils soient vides, souillés ou avec un reste de pesticides, ils doivent être rapportés en déchetterie ou en points de collectes temporaires, si possible dans leur emballage d’origine, afin de bénéficier d’une prise en charge et d’un traitement sécurisé, dans des conditions respectueuses de l’environnement.

Il est important de ne pas les jeter à la poubelle ou dans les canalisations.

 

Zoom sur la lutte biologique

 

L’utilisation des produits chimiques montrent ses limites parmi lesquelles leur toxicité sur la biodiversité, la pollution des eaux, la santé humaine mais aussi l’émergence de nombreuses résistances de ravageurs et maladies.

L’emploi d’ennemis naturels offre de nombreux avantages. En effet, les risques d’acquisition de résistance des ravageurs sont inexistants. D’autre part, la lutte biologique ne présente que très peu d’effets secondaires. Enfin les auxiliaires utilisés sont assez spécifiques vis-à-vis des ravageurs. Le bémol concerne son coût (achat d’auxiliaires du commerce) et son efficacité limitée en plein air (conditions climatiques). Cette méthode est très opérationnelle en milieu protégé sous serre et abri plastique.

 

Un jardin naturel et équilibré est un jardin en bonne santé.

Vous pouvez :

  • Planter ou semer des plantes locales, au bon endroit en fonction de l’environnement (exposition et la nature du sol).
  • Favoriser la mutualisation des plantes (plantes compagnes).
  • Alterner les cultures, adopter les techniques de paillage.
  • Développer des sites de biodiversités naturelles
  • Adopter des pratiques culturales respectueuses de la vie du sol (travail en surface)
  • Utiliser au maximum les déchets verts du jardin (ressource minérale).

Dernière recommandation assurer à votre jardin une présence quotidienne, il saura vous le rendre au fil des saisons.

 

 Quelques liens utiles

 

Pour en savoir plus 

www.jardiner-autrement.fr

Que faire de vos produits phytosanitaires ?

www.ecodds.com : points de collectes

Une confirmation pour l’utilisation ou la détention d’un produit ?

www.ephy.anses.fr

Agence française pour la biodiversité

www.afbiodiversité.fr

 

Sources de l’article : Agence Française de la biodiversité (AFB) et Société nationale d’horticulture de France (SNHF).

 

(1) Les pesticides chimiques, aussi appelés produits phytopharmaceutiques, servent à protéger les plantes. Il s’agit des herbicides, fongicides, insecticides, acaricides, molluscicides. Les pesticides de biocontrôle, à faible risque ou utilisables en agriculture biologique restent autorisés.

 

Rédaction : Guérin Olivier AOJOF le 18/01/2019